Un grand changement intervient
quand certains capoeiristes décident d'ouvrir des espaces dédiés à
l'enseignement de leur art. Jusqu'alors la capoeira était une lutte
qu'on apprenait en autodidacte, en observant, demandant un tuyau à
l'un ou l'autre, on ne parlait d'ailleurs pas de "capoeira", mais
on utilisait le terme "vadiar" synonyme de déambuler, vagabonder.
Au début du 20ème siècle, plusieurs capoeiristes commencent à organiser
des cours de capoeira dans la ville de Salvador. Il y a Pastinha et
Bimba bien sûr mais aussi Valdemar da Liberdade, Cobrinha Verde, Caiçara,
Canjiqinha, Gato ... qui progressivement contribuent à l'organisation
de l'apprentissage de la capoeira.
Le Maître Bimba engage des réformes qui l'amèneront à être paria parmis
les parias : il enrichit la capoeira de mouvements de projection empruntés
au batuque (une lutte d'origine africaine qui se pratiquait en musique
et tend à disparaître au début du siècle dernier). Il crée le baptême,
cérémonie au cours de laquelle l'élève novice entre dans la famille
des capoeiriste et reçoit son "nome de guerra", il crée également
un système de graduations... Ces apports qu'il considère comme des
prolongements naturels de la capoeira traditionelle ne sont pas acceptés
par les capoeiristes de 1'époque. C' est cependant grâce à une démonstration
qu'il fait avec un groupe d'élèves en 1938 devant le gouverneur de
Bahia que la capoeira sort de la clandestinité -à condition de ne
plus franchir le seuil des académies. Cela permet aux officiels de
l'époque d'avoir un relatif contrôle sur sa pratique.
Au début des années 60 il n'existe plus à Rio qu'une ronde
hebdomadaire qui a lieu le dimanche à la gare Central Do Brasil. Un
groupe d'adolescents observe et s'entraîne en autodidacte. En progressant
ils entrent en contact avec des capoeiristes de Salvador avec qui
se créent des liens importants. Lors de leur première représentation
publique en 1966 ils se donnent le nom de groupe "Senzala". Les protagonistes
d'alors s'appellent aujourd'hui Mestre Peixinho, Sorriso, Garrincha,
Nestor Capoeira...
C'est au même moment que les capoeiristes Bahianais commencent
à s'exporter de manière régulière pour des démonstrations puis pour
s'installer dans les villes de Rio et Sâo Paulo dans le but d'enseigner
leur art. De Sao Paulo et Rio vont émerger des groupes aujourd'hui
célèbres par le nombre de leurs adhérents: Senzala, Muzenza, Capoeira
Brazil, Abada...
La fédération Pauliste de capoeira doit s'adapter aux exigences
de la dictature militaire de l'époque. La capoeira devient là-bas
le sport d'une jeunesse clean et bien portante des classes moyennes.
On observe progressivement une uniformisation de la gestuelle et des
différentes expressions qui composent la capoeira...
Au début des années 80 de nombreux capoeiristes vont tenter
leur chance aux Etats Unis et en Europe, dix ans plus tard c'est le
grand boom tant au Brésil que partout ailleurs où la capoeira s'est
installée.