Un peu d'histoire ...

BRASIL

Au début du 16ème siècle Tomé de Souza accoste sur une terre qu'il baptise Vera Cruz, rapidement renommée "Brazil", nom de l'arbre au bois couleur de braise qu'on trouve en quantité dans cette région. Cette terre est peuplée de tribus indiennes. Quand les portugais tentent de les utiliser comme esclaves, ceux-ci ne font pas l'affaire (ils ne sont pas assez robustes pour les travaux auxquels on les destine et se rebellent, ce qui leur vaudra d'être exterminés en grand nombre).

En 1538 débarquent les premiers navires négriers sur les côtes du Brésil. Les Africains serviront à la mise en route de l'économie Brésilienne comme main d'oeuvre dans les plantations de canne à sucre, café, coton, cacao, tabac..., plus tard dans les mines d'or et de diamants.

 


Entassés dans ces navires négriers...

...les Poings liés, les Africains enduraient les pires tourments, surtout pendant les trois mois que durait la traversée de l'Atlantique jusqu'aux Antilles. Les prisonniers étaient matés à coup de fouet, affaiblis par la dysenterie, souiller par les excréments. Infections et maladies décimaient aussi bien les captifs que les membres d'équipage, ceux mouraient étaient jetés au requins.

 

En 1559 un décret royal autorise chaque maître de moulin à importer 120 esclaves. C'est à cette époque que commence le commerce du "bois d'ébène" dans des proportions effrayantes. Les dégâts de la traite des esclaves sur le sol africain sont énormes, du point de vue des pertes humaines on estime que pour 10 individus capturé 4 trouvaient la mort, ce qui repésente environ 5 millions de tués en 350 ans.




La concurrence européenne, était telle que la traite transforma profondément les structure politiques et économiques d'Afrique noire. Des états guerriers puissants de religion animiste traditionnelle se constituèrent alors pour contrôler la traite et puisèrent la main d'œuvre esclave de plus en plus à l'intérieur du continent. et du 18ème au 19ème, en réaction contre ces royaumes guerriers animistes et esclavagistes furent fondées les théocraties musulmanes, dont certaines furent également esclavagistes.
Suivant les périodes, différents cycles se succèdent quand aux régions d'origine et aux régions d'accueil des esclaves. Vers 1850, 9/10ème des noirs de Bahia, qu'il soient esclaves ou affranchis sont d'origine Nago ou Yoruba.

 

 

 

 

 

( Témoignant de la froide efficacité de la traite des esclaves, une affiche coloniale du XVIIIème siecle propose de"beaux nègres en bonne santée", à d'éventuels acheteurs, invités à se présenter aux ventes aux enchères. )

 

 

 

La traite des noirs est abolie en 1850, l'esclavage en 1888. En 1889 Rui Barbosa, le ministre des finances de l'époque fera brûler tous les documents officiels relatifs à l'esclavage - soit disant - pour "laver cette tâche de l'histoire du Brésil", mais plus vraisemblablement pour éviter à l'Etat d'avoir à dédommager les exploitants agricoles des pertes causées par l'abolition...


RESISTANCE




Sept ans, est la durée de vie moyenne d'un esclave sur le sol Brésilien. IL y en a qui tentent d'échapper à leur condition et s'organisent individuellement ou en groupe. L'insoumission prend plusieurs formes: sabotage du matériel, sabotage du travail mais aussi suicides, avortements, meurtre des chefs d'exploitation, évasions...

 

Les esclavagistes avaient généralement pris soin d'éviter les regroupement ethniques suivant le principe de diviser pour mieux régner. Cependant la séparation n'est pas toujours facile à faire dans des régions où on importe beaucoup d'esclaves. Cela profite à ceux qui en se rassemblant, parfois guidés vers l'intérieur des terres par les Indiens, vont former des quilombos: villages de résistance qui reconstituent sur le sol Brésilien des communautés basées sur les modèles Africains.




Ainsi aux 18ème et 19ème siècles, en même temps que s'opère l'expansion des exploitations agricoles et minières, les quilombos se multiplient dans l'intérieur des terres. Vers 1700, dans l'état de Pernambouc, 11 quilombos se rassemblent pour former le royaume de Palmarès où régnent successivement Ganga Zumba et Zumbi. La communauté de Palmarès s'étend sur un territoire de 27 000 km2 et compte à son apogée 20 à 30 000 individus majoritairement d'origine Bantu, résistant près d'une centaine d'année aux assauts des armées portugaises et hollandaises.

 

 

 





A la fin du 19ème siècle des quilombos se forment de plus en plus près de certains centres urbains, comme c'est le cas à Rio, pour devenir progressivement les quartiers de périphérie qu'on nomme aujourd'hui "favelas". A Rio et Pernambouc la prédominance d'ethnies de souche Bantu ayant des langues communes facilite les regroupements... Entre 1805 et 1835 ont lieu dans l'état de Bahia toute une série d'insurrections dont la célèbre "Levante dos Mâles" qui est une révolte religieuse urbaine conduite par des meneurs Yoruba...



MARGINALITE

1888: Abolition de l'esclavage au Brésil. Jusqu'à cette date on encourageait ceux qui étaient esclaves à conserver les pratiques religieuses, culturelles qui étaient les leurs, celles-ci faisant office de soupape de sécurité là où les existences étaient insoutenables. En 1889 s'ouvre une époque où l'africanité est bannie, les pratiquants de cultes animistes afro brésiliens sont poursuivis, la capoeira est interdite, les capoeiristes sont persécutés, traqués sans relâche.

A Rio la formation de bandes (maltas) souvent rivales, organisées par quartiers trouble l'ordre publique. Les politiques qui prétendent les combattre les utilisent secrètement lors des affrontements qui opposent monarchistes et républicains quand se pose la question de la création d'une République Brésilienne. Finalement, à l'occasion de la guerre du Paraguay les capoeiristes sont raflés dans les rues de Rio, recrutés de force dans les prisons, pour être envoyés en première ligne au sein du Batalhâo Zuavo. Au début du 20ème siècle les capoeiristes ont pratiquement disparu du pavé de Rio.


Les quilombos de Bahia au XVIIIème siecle

En revanche dans le Réconcavo Bahiano le foyer ne s'éteind jamais tout à fait, des figures légendaires sont originaires de petits villages ex-quilombos où ils peuvent développer leur art à l'abri des chapes de répression qui pèsent dans les grandes villes. Ainsi à la fin du 19ème siècle les hauts lieux de la capoeira se nomment Nazaré, Santo Amaro (d'où est originaire Besouro Manganga), Ilha de Maré ou Cachoeira ... Malgré l'interdiction, la lutte subsiste tout de même à Salvador lors de rondes organisées au coin des ruelles, parfois sur le port, à l'abri des regards de la police... En ces temps là et pour encore longtemps les étiquettes de "voyou", "vagabond", ou "marginal" collent à la peau des capoeiristes qui sont à la fois respectés et craints...

On se souvient aujourd'hui encore de certains d'entre eux qui se rendirent célèbres: Maré, Samuel Querido de Deus, Siri de Mangue, Pedro Poretta, Sete Mortes, Aberré, Pedro Mineiro et bien d'autres... C'est aussi à cette époque que commence le travail de deux individus qui deviendront plus tard les deux maîtres les plus cités dans l'histoire de la capoeira : Pastinha (1889-1982), et Bimba (1900-1974). Ils commencent à enseigner dans la clandestinité en 1910 pour le premier, en 1918 pour le second.


Mestre PASTINHA


ACADEMIES

Un grand changement intervient quand certains capoeiristes décident d'ouvrir des espaces dédiés à l'enseignement de leur art. Jusqu'alors la capoeira était une lutte qu'on apprenait en autodidacte, en observant, demandant un tuyau à l'un ou l'autre, on ne parlait d'ailleurs pas de "capoeira", mais on utilisait le terme "vadiar" synonyme de déambuler, vagabonder. Au début du 20ème siècle, plusieurs capoeiristes commencent à organiser des cours de capoeira dans la ville de Salvador. Il y a Pastinha et Bimba bien sûr mais aussi Valdemar da Liberdade, Cobrinha Verde, Caiçara, Canjiqinha, Gato ... qui progressivement contribuent à l'organisation de l'apprentissage de la capoeira.


Le Maître Bimba engage des réformes qui l'amèneront à être paria parmis les parias : il enrichit la capoeira de mouvements de projection empruntés au batuque (une lutte d'origine africaine qui se pratiquait en musique et tend à disparaître au début du siècle dernier). Il crée le baptême, cérémonie au cours de laquelle l'élève novice entre dans la famille des capoeiriste et reçoit son "nome de guerra", il crée également un système de graduations... Ces apports qu'il considère comme des prolongements naturels de la capoeira traditionelle ne sont pas acceptés par les capoeiristes de 1'époque. C' est cependant grâce à une démonstration qu'il fait avec un groupe d'élèves en 1938 devant le gouverneur de Bahia que la capoeira sort de la clandestinité -à condition de ne plus franchir le seuil des académies. Cela permet aux officiels de l'époque d'avoir un relatif contrôle sur sa pratique.

 

Au début des années 60 il n'existe plus à Rio qu'une ronde hebdomadaire qui a lieu le dimanche à la gare Central Do Brasil. Un groupe d'adolescents observe et s'entraîne en autodidacte. En progressant ils entrent en contact avec des capoeiristes de Salvador avec qui se créent des liens importants. Lors de leur première représentation publique en 1966 ils se donnent le nom de groupe "Senzala". Les protagonistes d'alors s'appellent aujourd'hui Mestre Peixinho, Sorriso, Garrincha, Nestor Capoeira...
C'est au même moment que les capoeiristes Bahianais commencent à s'exporter de manière régulière pour des démonstrations puis pour s'installer dans les villes de Rio et Sâo Paulo dans le but d'enseigner leur art. De Sao Paulo et Rio vont émerger des groupes aujourd'hui célèbres par le nombre de leurs adhérents: Senzala, Muzenza, Capoeira Brazil, Abada...
La fédération Pauliste de capoeira doit s'adapter aux exigences de la dictature militaire de l'époque. La capoeira devient là-bas le sport d'une jeunesse clean et bien portante des classes moyennes. On observe progressivement une uniformisation de la gestuelle et des différentes expressions qui composent la capoeira...
Au début des années 80 de nombreux capoeiristes vont tenter leur chance aux Etats Unis et en Europe, dix ans plus tard c'est le grand boom tant au Brésil que partout ailleurs où la capoeira s'est installée.

 

berimbaudoc@free.fr

BERIMBAU D'OC CAPOEIRA / Tel : 06 62 55 50 61 / 20 bis place Pierre Bennech 31100 TOULOUSE

 


Une remarque un commentaire sur ce site .... écrivez au Web Master "clickducoeur@laposte.net"